Plus d’un siècle après la chute de la monarchie russe et l’exécution du tsar Nicolas II et de sa famille à Ekaterinbourg en juillet 1918, l’ancienne capitale impériale a accueilli un événement symbolique. Sous le dôme de la cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg, le grand-duc Georges Romanov s’est uni à Victoria-Rebecca Bettarini Romanovna devant un parterre de prestigieux invités. De nombreuses têtes couronnées avaient fait le déplacement aux côtés de membres du gouvernement et autres officiels. Invité, le président Vladimir Poutine n’a pas souhaité se déplacer à cette cérémonie noyée sous les flashs des photographes russes et internationaux.
Construite au XIXème siècle, elle ressemble à celle de Saint-Paul au cœur de Londres. La cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg a renoué avec ses fastes d’antan. Un parfum d’empire flottait sous son dôme inauguré par le tsar Alexandre II. Face au clergé orthodoxe qui patiente, au centre de l’édifice, son descendant direct, le grand-duc Georges Romanov, patiente., La droite de la cathédrale a été réservée aux invités étrangers et on pouvait apercevoir diverses têtes couronnées comme le roi Siméon II de Bulgarie et son épouse, Dom Duarte de Bragance, son épouse et son fils aîné Dom Afonso, le prince Louis-Alphonse de Bourbon et son épouse, le prince Charles-Philippe d’Orléans qui partage avec ce dernier le titre de duc d’Anjou, le roi Fouad II, son fils Mohammed du Saïd et son épouse Noal Zaher d’Afghanistan ou encore le prince Emmanuel Philibert de Savoie. Sur une estrade, la grande-duchesse Maria Wladimirovna, accompagné l'ambassadeur Roberto Bettarini ( son ex-époux le prince Franz Wilhelm de Hohenzollern, malade, n'a pu finalement venir), de sa demi-sœur, la comtesse Elena Dvinskaya (dont les médias ont affirmé que c’était sa première apparition depuis une décennie, marraine du marié) et la mère de la mariée, Carla Bettarini. Selon la tradition, tout le côté gauche de l’édifice religieux avait été réservé aux invités russes, membres du gouvernement ou de l’aristocratie qui avaient répondu favorablement à l’invitation.
Musique orthodoxe de circonstance composée par Dmitri Stepanovitch Bortnianski, garde d’honneur en rang d’oignon, les flashs crépitent à l’apparition de Victoria-Rebecca Bettarini Romanovna au bras de son père l’ambassadeur Roberto Bettarini, robe blanche d’inspiration russo-italienne et tiare sur la tête, traîne frappée aux armes de de la maison impériale. Le métropolite Barsanuphius de Saint-Pétersbourg et Ladoga se prépare à célébrer l’office tandis que se place aux côtés du grand-duc les princes Joachim Murat et Leka II d’Albanie, derrière le couple tout sourire et sous l’œil des invités qui ont sortis leurs portables, le prince Boris de Bulgarie (petit-fils de Siméon II) et le prince David Bagrationi-Moukhraneli, prétendant au trône de Géorgie et cousin du marié. Derrière eux, l’oligarque Konstantin Malofeev, proche conseiller du président Vladimir Poutine et leader du mouvement (monarchiste) de l’Aigle à Deux-têtes. Pillée en 1917, la cathédrale Saint-Isaac a retrouvé tous ses ors depuis la chute du communisme. « Nous sommes très heureux que vous aimiez la Russie, participiez à des projets caritatifs et, en tant que croyants, assistiez aux services divins et ayez le désir d'être utile à votre pays » lui déclare le métropolite Barsanuphius tandis que s’affairent les moines autour d’eux.
Prières, chants, signes de croix, on suit la cérémonie très millimétrée selon les rites orthodoxes que maîtrisent désormais la mariée. De rite catholique, Victoria-Rebecca Bettarini Romanovna s’est convertie à la religion russe en juillet dernier. « Gloire à toi, notre Dieu, gloire à toi ! », la prière raisonne dans toute la cathédrale. Après une courte litanie, Le métropolite demande au marié s’il a le « désir sincère et sans contrainte et la ferme intention d'être le mari de Victoria ? » avant de poser la même question à la concernée. Le « oui » est de circonstance. Des couronnes traditionnelles de mariage ont été placées sur la tête des futurs époux avant de recevoir la bénédiction du métropolite et de faire plusieurs fois le tour de la cathédrale. Remise des anneaux, la cérémonie peut prendre fin. La sortie est toute impériale. La garde d'honneur met soudainement sabre au clair .
De nouveau les crépitements des flashs se font entendre. Derrière le grand-duc et la nouvelle princesse impériale, l’animateur de « Secrets d’Histoire » et chroniqueUr bien connu des têtes couronnées, Stéphane Bern qui filme la scène avec son portable orné des couleurs du Luxembourg. Cela tombe bien, le premier ministre du grand-duché et son mari sont présents. Direction la cathédrale Pierre et Paul où sont enterrés les ancêtres et les grands-parents de l’héritier au trône. Le couple a souhaité déposer le bouquet de la mariée sur leurs tombes et s’est receuilli quelques minutes devant. Le soir, c’est le Musée russe d’Ethnographie qui a accueilli les invités du grand-duc Georges et Victoria -Rebecca Romanov où un repas les attendaient, parachevant une journée riche en émotion.
Seule ombre au tableau, la réaction du Kremlin qui a étonné toute la presse russe comme le rapporte Interfax. « Non, le président n'a pas l'intention de féliciter les jeunes mariés. Ce mariage n'est en aucun cas à notre ordre du jour », a déclaré Dmitri Peskov qui a confirmé que le président Poutine avait bien reçu une invitation. « A Moscou, à Saint-Pétersbourg et dans d'autres villes de Russie, il y a de nombreux mariages chaque jour. Nous souhaitons toujours du bonheur aux jeunes mariés » s’est contenté d’ajouter le porte-parole du dirigeant russe.
Le grand-duc Georges Mikhailovich est un descendant de la famille Romanov par sa mère. Agé de 40 ans, il est né à Madrid et a visité la Russie pour la première fois en 1992. Depuis 2017, il passe la plupart de son temps dans le pays, vivant à Moscou . Il est engagé dans le développement des fonds créés par lui, participe à divers projets caritatifs et éducatifs. Victoria Rebecca Virginia Bettarini est née en Italie dans une famille diplomatique. Les cinq premières années, elle a vécu en France , puis a déménagé à plusieurs reprises dans différents pays. Elle a visité la Russie pour la première fois en 2009, après avoir visité Saint-Pétersbourg avec son père. Pendant dix ans, elle a fourni une assistance constante au grand-duc dans ses activités sociales et culturelles. Le grand-duc a déclaré récemment ne pas chercher un rôle politique mais d'ambassadeur culturel, affirmant que les « Romanov ont toujours été au côté du peuple russe ». Un tiers des russes souhaitent le retour de la monarchie selon les derniers sondages en date.
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