Un mouvement monarchiste russe sur la liste noire des USA

En avril dernier, le gouvernement du président Donald Trump a annoncé qu’il plaçait sur la liste noire des organisations terroristes, un mouvement monarchiste russe. Une première car jusqu’ici cette liste était réservée aux mouvements islamistes. Accusé de fournir des armes à des associations paramilitaires suprémacistes américaines, les membres de l'organisation  «Mouvement impérial russe» ont participé à la guerre de Crimée dans l’espoir de fonder un nouvel empire orthodoxe aux abords de la Sainte-Russie.  Certains pays accusent même la Russie d’utiliser ce mouvement à des fins de déstabilisation en Occident.

C’est la première fois dans son histoire que le département d’état américain décide de mettre sur sa liste noire, une organisation politique russe. Créé en 2002, le Mouvement impérial russe (??????? ????????? ???????e) est loin d’être un inconnu en Russie. Virulemment antisémite et antimusulman (ils se sont récemment offusqués de la décision de rendre à la basilique Sainte-Sophie son statut de Mosquée), profondément orthodoxe, nationaliste et autocrate, ils renient tout ce que l’Occident à de plus vicieux selon eux. A commencer par le lobby LGBT accusé de saper les fondements de la famille et de la civilisation russe. Et si son site est difficilement accessible sur le réseau social VKontakte (l’équivalent russe de Facebook), il est suivi par 14 000 personnes. Il est pourtant difficile de chiffrer le nombre d’adhérents de ce mouvement qui s’est distingué au cours de la guerre de Crimée et qui parade régulièrement à Saint-Petersbourg. Une « Légion impériale » a même été fondée avec pour emblème l’aigle bicéphale des Romanov. Stanislav Vorobyev qui dirige le mouvement ne cache pas sa volonté de restaurer la monarchie dans cette partie sécessionniste de l’Ukraine où bon nombre de ministres pro-russes adhèrent à l’idée. Un état qui serait baptisée «Novorossiya» (nouvelle Russie) mais qui n’a reçu aucun soutien officiel des membres de la maison impériale des Romanov . Ces derniers  se gardent bien d’avoir des liens avec cette organisation controversée qui recrute ses combattants jusqu’en France. Avant d’être tué au front, un des leaders du mouvement, Matvei Yefremov, avait évoqué la convocation d’un Zemski Sobor (assemblée), en cas de défaillance des Romanov à vouloir occuper un trône qui leur revient de droit. Stanislav Vorobyev est d'ailleurs à la tête d'une représentation plénipotentiaire  russe au sein de la République populaire de Donetsk.

Ce mouvement «joue un rôle important pour tenter de rallier des Européens et des Américains dans un front commun contre ceux qu’ils perçoivent comme leurs ennemis» affirme le coordinateur de la lutte antiterroriste au département d’Etat américain, Nathan Sales. En 2014, l’AFP avait révélé la présence de français au sein de cette légion qui se battait dans le Donbass. Le mouvement russe avait d’ailleurs confirmé qu’une de ses sections était composée de francophones eux-mêmes monarchistes, drapeau fleudelysé à l’appui, qui se battaient aux côtés de tchetnik serbes. Véritable force para-militaire qui a pignon sur rue à dans l’ancienne capitale impériale, le mouvement est aussi dans l’œil du cyclone polonais. Varsovie accuse en effet les monarchistes d’avoir entraîné des suédois qui ont été arrêtés par la suite pour avoir organisé des attentats dans le royaume en 2016. «Nous voulons nous assurer qu’ils ne soient pas en mesure de faire la même chose ici aux Etats-Unis» a précisé Nathan Sales qui s’inquiète des liens que ces partisans de la monarchie entretiennent avec des groupes suprématistes blancs  locaux ou des mouvements plus sociaux (en France, ils ont été suspectés d’avoir infiltré le mouvement des Gilets jaunes après que certains militants aient arborés des drapeaux séparatistes russes et d’avoir confié la sécurité des rassemblements à un ex-combattant du Donbass).

?La Pologne a publié également un rapport sur les activités d’entraînement militaire du mouvement que l'on retrouverait même en Libye. Selon Varsovie,  qui entretient des relations houleuses avec la Russie, le mouvement a noué des relations avec des organisations controversées ultra nationalistes en Serbie, en Bulgarie ou en Allemagne. Il a même participé en novembre 2019 à un congrès monarchiste dirigé par le groupe Alliance Noire-Jaune qui prône le retour des Habsbourg-Lorraine. Des éléments corroborés par une autre enquête dirigée par le gouvernement espagnol préoccupé par la présence de ces russes d’extrême-droite sur son sol. Pour les Polonais, le gouvernement russe est parfaitement au courant des activités du Mouvement impérial russe et tolère ses camps d’entraînements. Pis, Varsovie en est persuadé, les monarchistes servent les intérêts du président Vladimir Poutine dans sa volonté de déstabiliser des gouvernements occidentaux. «Le soutien continu de la Russie à ces groupes ou réseaux, que ce soit par le biais d'un soutien direct, d'opérations de guerre de l'information pour amplifier et enflammer les tensions ethniques et religieuses, et en tolérant leurs opérations sur le sol russe, présente un risque important pour la stabilité sociale et les institutions démocratiques en Europe et aux États-Unis» affirme le gouvernement américain qui a banni définitivement de son territoire ces monarchistes russes comme le rapporte le journal «Le Monde».

Copyright@Frederic de Natal