Connu pour ses positions nationalistes et son engagement en faveur des minorités serbes, le prince Filip Karageorgevitch a vivement réagi à la condamnation de Milorad Dodik, président de la République serbe de Bosnie. Un verdict qui menace de faire éclater la paix fragile dans les Balkans, sur fond d'ingérence européenne.
Le prince héritier de Serbie, Filip Karageorgevitch, a réagi avec indignation au verdict prononcé à l'encontre de Milorad Dodik, président de la République serbe de Bosnie. Dans une déclaration publiée sur son compte du réseau social X, il a fermement critiqué cette condamnation qu'il juge contraire aux principes d'une société moderne et démocratique.
Une condamnation controversée qui met en colère l'héritier au trône
Le mercredi 26 février 2025, le tribunal de Sarajevo a condamné Milorad Dodik , 65 ans, à une peine d'un an de prison. En outre, l'homme politique, en poste depuis 4 ans, s'est vu interdire toute activité politique pour une durée de six ans à compter de la date à laquelle la décision deviendra définitive. Cette sentence a provoqué de vives réactions en République serbe de Bosnie, en Bosnie-Herzégovine, ainsi que dans l'ensemble de la région.
Filip Karageorgevitch, fils du prince Alexandre II de Serbie, a exprimé son opposition à ce qu'il perçoit comme une instrumentalisation politique de la justice. « Au XXIe siècle, dans un pays qui aspire à adhérer à l’Union européenne, les processus politiques qui aboutissent à des jugements politiques ne sont tout simplement pas acceptables », a-t-il déclaré.
Le prince héritier a également mis en garde contre les conséquences de cette condamnation sur la stabilité régionale. Selon lui, de telles décisions « non seulement ne contribuent pas au progrès de la Bosnie-Herzégovine, mais compliquent encore davantage les relations déjà complexes dans la région ».
Milorad Dodik, une figure clivante de la politique bosnienne
Milorad Dodik est une figure politique majeure des Balkans. Actuel président de la République serbe de Bosnie, il est connu pour ses positions nationalistes et son opposition à l’intégration de la Bosnie-Herzégovine à l'OTAN. Des points de vue partagés par le petit-fils du roi Pierre II. Dodik prône une plus grande autonomie pour la République serbe de Bosnie et entretient des liens étroits avec la Russie et la Serbie. Son rôle dans le processus de paix post-Dayton a souvent été controversé, oscillant entre coopération et confrontation avec les institutions centrales de Bosnie-Herzégovine. Un procés qui lui a servi de tribune puisqu'il a pointé du doigt l'ingérence manifeste de l'Allemagne dans les affaires de la République par l'inttermédiaire de son haut représentant, nommé grâce aux accord de paix et curieusement dotés de pouvoirs décisionnaires.
La République serbe de Bosnie ( la Republika Srpska) est née dans un contexte particulièrement tumultueux. Alors que la Yougoslavie se fracture doucement, au lendemain de la chute du Mur de Berlin), la Croatie profite de la faiblesse de Belgrade pour proclamer son indépendance. Les serbes de Croatie vont alors proclamer une république. Un événement qui va se répéter en Bosnie-Herzegovine qui entend se séparer aussi de l'entité fédérale et s'émanciper du pouvoir communiste serbe. La Yougoslavie ne va pas tarder à sombrer dans la guerre civile et religieuse. provoquant l'intervention des Casques bleus de l'ONU. En 1995, la signature ses accords de Dayton met fin au conflit serbo-bosniaque ( plus de 100 000 morts) et entèrine la partition de la Bosnie-Herzegovine entre deux entités autonomes au sein d'une Bosnie fédérale.
Une guerre à quelques heures d'avion de Paris, qui se poursuivra dans d'aures parties restantes de la Yougoslavie, dans laquelle, d'ailleurs, l'OTAN ne tardera à faire son entrée et de manière violente contre la Serbie, sans avoir reçu aucun mandat international, menaçant d'embraser les Balkans (1999). Une intervention condamnée par la maison royale de serbie qui ne décolère pas chaque année, à date anniversaire de cet événement. La guerre en Ukraine a réveillé les veilleités d'indépendance des Serbes de Bosnie qui souhaitent rejoindre Belgrade et un regain de tensions ultra-nationalistes dans la région. Les récentes décisions de Milorad Dodik, en ce sens, ont mis en colère l'administration américaine du Président Joe Biden qui a immédiatement imposé des sanctions à la Bosnie.
Le petit-fils du roi Pierre II lance un appel à une Europe plus juste
Dans son message, le prince Filip Karageoregvitch a exhorté l’Europe à adopter une posture plus équitable dans la gestion des affaires balkaniques. « L’Europe devrait être un phare de liberté et de justice, et non un lieu où se nourrit la domination coloniale », a-t-il souligné, accusant indirectement Bruxelles (la France a également condamnée les décisions du président serbe de Bosnie) d'être à la manoeuvre de cette condamnation qui fragilise un peu plus la paix dans cette partie des Balkans, s'inquiète la presse locale. L'Union européenne a appelé « tous les acteurs politiques » à « respecter les décisions de justice (...) sans exercer de pression ou d'ingérence », a déclaré un porte-parole de la Commission européenne, tantis que les USA ont rappelé qu'il s'opposait à toute action menaçnt la sécurité et l'intégrité de la Bosnie.
Cette prise de position du prince héritier reflète les tensions persistantes qui entourent la gouvernance de la Bosnie-Herzégovine et le rôle controversé entretenu par les institutions internationales dans la région. Alors que les réactions se multiplient, bien qu'il ait reçu le soutien de la mouvance monarchhiste serbe, l’avenir politique de Milorad Dodik, qui a reçu le soutien appuyé du Kremlin, reste aujourd'hui incertain, de même que la stabilité des équilibres fragiles dans les Balkans, objet d'une forte guerre d'influence entre l'Union européenne (UE) et la Russie.
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