Depuis plusieurs mois, la Serbie est secouée par d'importantes manifestations anti-gouvernementales auxquelles participent les partisans des Karageorgévitch. En déplacement, le prince Alexandre de Serbie a pris la parole.
Le samedi 15 mars, la capitale serbe a été le théâtre d'une manifestation d'une ampleur inédite. Selon certaines estimations, jusqu'à 325 000 personnes se sont rassemblées dans les rues de Belgrade pour exprimer leur opposition au régime du président Alexandre Vučić, accusé de corruption. Cette mobilisation massive s'inscrit dans un climat de tensions exacerbées dans les Balkans, où le nationalisme serbe a repris une place croissante. Toutefois, la manifestation s'est déroulée sans incidents majeurs.
Un appel au calme et à l'unité par le prince Alexandre de Serbie
Face à cet événement d'ampleur, le prince Alexandre II de Serbie, prétendant au trône, 79 ans a tenu à réagir par le biais d'un communiqué. « Bien que je sois actuellement hors de la Patrie en raison d'obligations urgentes, je suis de près tout ce qui se passe dans notre Serbie, les événements actuels à Belgrade et les grandes tensions qui sont apparues dans notre société en raison de la réponse inadéquate aux manifestations pacifiques. (...) », a écrit le fils du roi Pierre II.
Dans un appel au calme, il a exhorté la population à la modération et à la non-violence.« C'est pourquoi j'appelle tout le monde à imiter nos étudiants universitaires, à ne pas laisser les émotions prendre le pas sur la raison. Vous avez parfaitement le droit d’exprimer votre opinion, personne au monde ne peut ou ne doit vous l’interdire, mais cela doit être pacifique et digne. (...) Dans une société démocratique, toute la responsabilité repose sur ceux qui détiennent les leviers du pouvoir, et en premier lieu sur les forces de sécurité. », a ajouté le prince.
Une mouvance monarchiste solidaire des manifestants
La mouvance monarchiste compte une dizaine de députés au Parlement mais demeure divisée. Le Mouvement pour le renouveau du Royaume de Serbie (POKS), dirigé par Vojislav Mihailović (petit-fils du célèbre résistant Tchetniks) , ancien vice-président de l'Asedmblée nationale (2022-2024), a décidé de se placer dans l’opposition au gouvernement. Ils ont participé à la manifestation, accusant le régime de « traquer ses citoyens ». « Aleksandar Vučić a divisé la Serbie et ses citoyens entre ceux qui, avec des indemnités journalières provenant de l'argent volé au peuple, peuvent ou doivent venir à des rassemblements pour le soutenir, en utilisant des transports organisés accompagnés de la police, et ceux à qui il est interdit de venir à un rassemblement contre lui de leur propre gré et en dépensant leur propre argent. Il a privatisé et placé toutes les institutions de ce pays sous son contrôle, retirant pratiquement l’État aux citoyens. », a déclaré le leader du POKS, lui-même député.
Membre de la coalition gouvernementale et ayant des élus au Parlement, le Mouvement du Renouveau serbe (SPO) se retrouve dans l’embarras. Jadis puissant parti d’opposition, son aura a fini par décliner et son leader, Vuk Draskoviç, de se retirer en 2024 de sa présidence après l’avoir dirigé durant plusieurs décennies. Le groupe monarchiste a toutefois déclaré qu’il « ne pouvait ni fermer les yeux ni rester silencieux dans les moments où l’ensemble de l’État et notre société entière sont véritablement à la veille de divisions tragiques et de conflits ouverts », appelant le gouvernement à prendre ses responsabilités. .
En Serbie, environ 39% des souhaitent le retour de la monarchie. Certains manifestants agitaient des drapeaux de l’institution royale abolie en 1945. Ils ont également reçu le soutien du prince héritier Filip Karageorgevitch. « C'est dans des moments comme celui-ci qu'une nation se définit, non seulement par la cause qu'elle défend, mais aussi par la manière dont elle la défend. », s’est fendu sur les réseaux sociaux le fils du pince Alexandre.
L'appel à l'unité et à la responsabilité du prince Alexandre Kargeorgévitch résonne fortement dans un contexte où la Serbie est traversée par des tensions politiques et sociales croissantes, doublée par la montée du nationalisme serbe dans les Balkans. Bien que pacifique, cette mobilisation marque une nouvelle étape dans l'expression du mécontentement populaire face au gouvernement en place. Reste à voir quelle sera la réaction des autorités et si cette démonstration de force influencera le paysage politique serbe dans les semaines à venir.
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