L'appel du prince Filip Karageorgévitch au président élu Donald Trump
L'appel du prince Filip Karageorgévitch au président élu Donald Trump
Dans un surprenant et inattendu message publié sur les réseaux sociaux, le prince héritier Filip Karageorgévitch a appelé le nouveau Président élu Donald Trump à ne plus reconnaître l'indépendance de la République du Kosovo, berceau de la nation serbe.
Dans une série de messages publiés sur le réseau social X, le 8 novembre 2024, Filip Karageorgévitch, prince héritier de Serbie et de Yougoslavie, a interpellé Donald Trump, nouveau président élu des États-Unis. Le prince a appelé le candidat Républicain à revenir sur la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo obtenue grâce aux actions diplomatiques et militaires des Américains. Pour le petit-fils du roi Pierre II, elle constitue une " injustice historique " envers la Serbie qui considère cette ancienne province de l'ex-Yougoslavie, à majorité albanaise, comme le berceau de sa nation.
The 1999 intervention in Yugoslavia is still viewed by many as a message that resistance to Western dominance would not be tolerated, a stance that has contributed to deteriorating relations between Russia and the West. For President Putin, the NATO bombing of Yugoslavia remains…
Depuis la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo en 2008, le statut de ce territoire est source de tensions entre la Serbie et une partie de la communauté internationale, notamment les États-Unis, qui avaient rapidement reconnu cette indépendance dès sa proclamation. Selon le prince Filip Karageorgévitch, cette indépendance repose sur une intervention controversée de l’OTAN qu'il juge illégale. En 1999, une opération militaire de l'organisation atlantique, meurtière, avait provoqué le déplacement de centaines de milliers de serbes. Pour lui, le Kosovo est depuis " pratiquement un protectorat de l’OTAN ", une situation qu'il qualifie de problématique pour l’intégrité territoriale de la Serbie.
Dans ses messages, le prince rappelle que " le Kosovo n’est reconnu que par la moitié des États membres de l’ONU ", soulignant que des puissances telles que la Russie, la Chine, l’Inde et le Brésil soutiennent la position de la Serbie en refusant cette reconnaissance. En s’adressant à Donald Trump, Filip Karageorgévitch estime qu'une " décision audacieuse et fondée sur des principes" de la part de l'ancien président, consistant à retirer la reconnaissance du Kosovo, serait non seulement "un acte de justice profonde" pour la Serbie, mais permettrait aussi aux États-Unis d'envoyer "un message clair" démontrant leur engagement en faveur d’une politique étrangère plus équilibrée et respectueuse de la souveraineté des États.
Une dénonciation des " doubles standards " occidentaux
Le prince héritier a également saisi cette occasion pour évoquer ce qu'il perçoit comme une " duplicité " dans la politique étrangère occidentale, citant notamment les tensions actuelles entre l'Europe, l'OTAN liguée contre la Russie. Dans ses messages, il fait référence à l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, un événement souvent justifié par le Président Vladimir Poutine en s'appuyant sur le précédent du Kosovo. " Lorsque la Crimée a voté en faveur de son rattachement à la Russie, les États-Unis et leurs alliés n’ont pas tardé à condamner les actions de la Russie, les qualifiant de violation du droit international ", souligne le prince. Cependant, pour lui, ce positionnement relève d'un " cynisme déconcertant " de la part des puissances occidentales qui ont elles-mêmes soutenu la scission du Kosovo vis-à-vis de la Serbie.
Le fils du prince Alexandre de Serbie considère que cette disparité de traitement alimente le ressentiment et la méfiance envers l’Occident, notamment de la part de la Russie, pour qui le bombardement de la Serbie par l'OTAN est devenu " un symbole de la fourberie occidentale.". Selon lui, la situation actuelle qui prévaut au Kosovo, marquée par " la corruption, la violence contre les journalistes et les attaques contre les minorités ethniques", sont autant d'arguments supplémentaires pour Donald Trump de revoir la politique étrangère des États-Unis sur cette question. Il poursuit en affirmant que "ceux qui soutiennent que les États-Unis doivent défendre leurs valeurs à l’échelle mondiale, devraient avant tout considérer la réalité du Kosovo," suggérant qu’une reconnaissance continue de ce territoire mettrait en contradiction les principes démocratiques et les valeurs prônées par l'Amérique.
Volontiers nationaliste, fort du soutien de la mouvance monarchiste fortement représentée au Parlement, le prince Filip Karageorgevitch pointe qu’une telle décision prise par Washington pourrait corriger une "erreur historique" qui n'aurait jamais dû avoir lieu.