Le prince Filip Karageorgévitch : « Le Kosovo est notre Jérusalem »
Le prince Filip Karageorgévitch : « Le Kosovo est notre Jérusalem »
Héritier au trône de Serbie depuis l’abdication de son frère aîné en avril 2022, le prince Filip Karageorgévitch ne ménage pas ses efforts en faveur de son pays. Régulièrement interviewé par les médias locaux, à l’occasion de l’anniversaire de la tragédie de 1934, il a rendu hommage à son arrière-grand-père, le roi Alexandre Ier. Occasion détournée pour rappeler que le Kosovo est le socle de la nation yougoslave.
C’est un prince dont le visage s’affiche partout en Serbie. Télévision, journaux, réseaux sociaux, Filip Karageorgévitch, 40 ans, est l’héritier du trône depuis que son frère aîné, Pierre (Petar), a renoncé à ses droits à la couronne pour vivre pleinement sa vie en Espagne, en avril 2022. Il ne ménage pas sa peine pour l’idée monarchique qu’il défend à la moindre occasion. Ce 9 octobre, il est revenu sur l’héritage laissé par son arrière-grand-père, le roi Alexandre Ier, assassiné à cette date, il y a 88 ans à Marseille. L’occasion pour lui de revenir sur la question sensible du Kosovo, poudrière permanente qui menace d’exploser à tout moment. Les dernières tensions, en août dernier, ont fait craindre un nouveau front de guerre en Europe tant la Serbie refuse de reconnaître l’indépendance de cette ancienne province de la Yougoslavie défunte.
« Avant la création de la Yougoslavie, le régent Alexandre, avec son père le roi Pierre Ier, a doublé le territoire de la Serbie, libéré le Kosovo-Metohija et l'a incorporé au royaume de la Serbie. Il a remporté une victoire, puis a restauré et construit un État qui, pendant son règne, a été extrêmement respecté au niveau international. Ce sont des faits. Aujourd'hui, il n'y a plus qu’à Paris, la rue du Roi Pierre Ier de Serbie et le monument au Roi Alexandre Ier, qui rappellent encore l'importance et l’influence incontestable du Roi-chevalier » a déclaré le prince Filip Karageorgévitch au quotidien Nedeljnik. C’est un nostalgique de la Yougoslavie dont il a vu le démembrement progressif après la chute du Mur de Berlin. Il ne s’en cache pas. « La Yougoslavie a été une des premières victimes du fascisme » affirme Filip Karageorgévitch qui appelle au renforcement de la coopération mutuelle entre les nations qui peuplent les Balkans. C’est un nationaliste assumé qui n’a pas hésité à se jeter dans la bataille des élections en Republika Srpska (la partie serbe de la Bosnie-Herzégovine) afin de soutenir la candidature de Milorad Dodik (élu de 2010-2018). Un bosno-serbe proche du Premier ministre hongrois et qui refuse de reconnaître le génocide de Srebrenica que l'élu qualifie de « mythe ».
Pour Filip Karageorgévitch, le Kosovo est partie intégrante de la Serbie. « Le Kosovo et la Metohija sont notre Jérusalem. Gazimestan lui-même est un sanctuaire et la preuve qu’il s’agit bien là de l'identité du peuple serbe et de la région où il a toujours vécu. C'est pourquoi nous ne devons jamais oublier le Kosovo-Metohija, les héros du Kosovo, ni Gazimestan ni Vidovdan, et surtout nos compatriotes qui vivent au Kosovo-Metohija » a déclaré le prince sur son compte Twitter. Une position partagée par les membres de la dynastie royale. Une famille déchue de son trône en 1945, dans des circonstances illégales, et qui rêve de retrouver désormais ses regalia. Une idée soutenue par 30% des serbes et qui bénéficie d'un solide appui parlementaire. Un credo pour le prince Filip Karageorgévitch, père d’un fils de 4 ans, qui ne doute pas du retour des Karageorgévitch sur leur trône.