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Mohammed ben Salmane prend une position diplomatique inédite

Le prince héritier Mohammed ben Salmane a accusé l’Etat d’Israël de commettre un « génocide » à Gaza. Une déclaration inédite et inhabituelle du Premier ministre et dirigeant de facto du royaume saoudien.

Lors d’un sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Riyad, le 10 novembre 2024, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) a sévèrement dénoncé les opérations militaires d'Israël à Gaza tout en appelant la communauté internationale à agir pour mettre fin à l'escalade. Cette prise de position marque un tournant dans la diplomatie saoudienne, qui réitère sa solidarité avec le peuple palestinien tout en renforçant ses liens régionaux.

 

Des accusations de génocide par la monarchie saoudienne

Dans son discours d'ouverture, MBS a réclamé un cessez-le-feu immédiat. « Ce sommet se tient dans le prolongement du précédent, dans un contexte d’agressions israéliennes odieuses contre notre peuple frère palestinien et d’extension de ces attaques contre le Liban », a déclaré le fils du roi Salman. Les participants, parmi lesquels des chefs d'État comme le palestinien Mahmoud Abbas, le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, se sont rassemblés dans la capitale saoudienne pour « unifier les positions » et faire pression sur la communauté internationale afin d'établir une paix durable dans la région.

Le prince héritier a exprimé la position ferme de l’Arabie saoudite, qualifiant les actions d'Israël de « génocide collectif » et rappelant que plus de 150 000 Palestiniens ont été tués, blessés ou portés disparus depuis le début des hostilités, majoritairement des femmes et des enfants. Cette offensive israélienne, qui a commencé le 7 octobre 2023 en réponse à la violente attaque coordonnée du mouvement Hamas, a été largement critiquée par les participants. En dépit des spéculations sur un possible accord de normalisation entre Israël et le royaume du Golfe, Mohammed ben Salmane a souligné que son gouvernement n'officialiserait aucune relation sans la création d'un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

En outre, le prince héritier a dénoncé la « profanation de la sainte mosquée Al-Aqsa » par Israël et « l’affaiblissement du rôle essentiel de l'Autorité palestinienne » sur le territoire palestinien. Il a également critiqué l'interdiction d'accès imposée à l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, ainsi que les restrictions imposées aux agences d’aide opérant à Gaza. L'agence étant suspectée d'abriter des militants du Hamas par Tel-Aviv.

 

 

Une normalisation suspendue et un soutien affiché pour l’Iran

La situation au Liban constitue également une source d’inquiétude pour MBS, qui a averti des « conséquences catastrophiques » d'une intensification des hostilités dans la région. Appelant à une « responsabilité internationale » pour contraindre Israël à mettre fin aux attaques sur le pays des Cèdres, il a également exhorté à respecter la souveraineté de l’Iran. 

Ce positionnement marque une nette évolution par rapport à ses déclarations de 2017, où il comparait le guide suprême iranien au chancelier nazi Adolf HitlerLes relations entre Riyad et Téhéran, après des décennies de tensions diplomatiques et militaires, ont été en effet rétablies l'année dernière, ouvrant la voie à une coopération prudente malgré les désaccords persistants sur le Hezbollah et le Hamas, soutenus par l'Iran. Cette coopération avec Téhéran témoigne d'une stratégie saoudienne visant à équilibrer les relations au Moyen-Orient, tout en consolidant sa position de leader régional.

 

 

Vers une nouvelle ère diplomatique au Moyen-Orient

Dans un contexte de remaniement des relations internationales, alors que les États-Unis amorcent un changement de cap avec l’entrée en fonction du président américain élu Donald Trump (2025), l’Arabie saoudite semble préparer une nouvelle phase diplomatique, où elle se positionne comme acteur de médiation. Tout en mettant en garde contre une escalade régionale, le prince Mohammed ben Salmane souhaite promouvoir un équilibre entre des alliances traditionnelles et de nouveaux partenariats avec des acteurs régionaux tels que l'Iran.

En adoptant une position claire et en multipliant les appels pour une résolution pacifique des conflits au Moyen-Orient, le prince héritier Mohammed ben Salmane montre également l’engagement de l'Arabie saoudite en faveur  de la stabilité dans la région. Ce sommet, en unifiant les voix arabes face aux crises actuelles, pourrait redéfinir l'influence de Riyad sur la scène internationale et offrir une perspective de paix pour les populations de Gaza et du Liban. Sans certitudes toutefois qu'Israël accepte de faire taire ses canons. 

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 20/11/2024

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