Le prince héritier et Premier ministre du Bahreïn, Salman bin Hamad Al Khalifa, a dénoncé la situation « intolérable » qui prévaut à Gaza et appelle le Hamas à libérer immédiatement les quelque 240 otages détenus dans l’enclave, condamnant officiellement son action militaire comme les représailles par l'État hébreu.
Lors de la 19e conférence annuelle « Manama Dialogue » – considérée comme le premier sommet sur la sécurité et la défense du Moyen-Orient, qui s'est tenue à Manama, la capitale de l’émirat du Bahreïn, le prince héritier Salman bin Hamad Al Khalifa, 54 ans, a prononcé un discours audacieux, devenant ainsi le premier dirigeant arabe à prendre une position loin de celle des pétromonarchies voisines et autres républiques musulmanes prises dans le conflit israélo-palestnien.
La monarchie du Bahrein condamne les actions du Hamas
« Je condamne le Hamas sans équivoque » a déclaré le prince héritier – qui est également Premier ministre de ce royaume du Golfe – devant une salle remplie de responsables arabes, américains et européens spécialisés en sécurité. « Je me tiens du côté des civils et des innocents, et non du côté des postures politiques. Les attaques du 7 octobre [du Hamas] étaient barbares et horribles » a-t-il ajouté, rappelant que le Coran et la Torah « interdisent tous deux le meurtre de civils ». Le prince héritier a également insisté pour que le Hamas libère tous les otages et les ramène en toute sécurité en Israël. « Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour résoudre ce problème » a-t-il réclamé en s’adressant aux représentants du monde arabe, présents dans la salle. « Je ne pense pas qu’un quelconque dirigeant arabe ait appelé le Hamas à faire cela » a regretté Salman bin Hamad Al Khalifa.
Le prince Salman bin Hamad Al Khalifa plaide pour une solution à deux États
Parallèlement, le prince royal a vivement critiqué Israël, condamnant les représailles qui ont « entraîné la mort de 11 000 Gazaouis et laissé beaucoup d'autres vivre dans une situation intolérable, sans accès aux nécessités de base telles que l'électricité, l'eau courante et les soins médicaux ». « Permettez-moi d’être extrêmement clair sur ce qui compte pour le royaume du Bahreïn : il ne doit y avoir aucun déplacement forcé de Palestiniens à Gaza, maintenant ou jamais » a déclaré le fils du roi Hamad bin Isa bin Salman Al Khalifa. « Il ne doit y avoir aucune ré-occupation de Gaza » et « il ne doit y avoir aucune réduction du territoire de Gaza » a solennellement averti le prince Salman bin Hamad Al Khalifa « D’un autre côté, il ne doit y avoir aucun terrorisme dirigé depuis Gaza contre les civils israéliens » renchérit le prince.
Pour garantir une paix durable, à travers un rapport publié sur son site officiel, il a réclamé que « des élections devront être organisées pour offrir au peuple palestinien un leadership fort et unifié » soit mises en place à la fin du conflit, rendant illégitime de facto toute initiative du président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas. « Ce processus doit être dirigé par un interlocuteur et un partenaire capable de mettre fin à la violence et d’offrir la perspective d’un État palestinien viable et indépendant qui garantira également la sécurité et la stabilité de son voisin, Israël » a expliqué le prince à ses interlocuteurs et qui appelle les États-Unis à soutenir une solution à deux États.
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