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L'Iran, les Pahlavi et Israël, quel avenir démocratique ?

Depuis octobre 2023, Israël et le Hamas sont engagés dans un conflit qui a coûté la vie à des milliers de personnes. La riposte de Tsahal sur Gaza a provoqué des réactions internationales diverses. Au sein de la mouvance monarchiste iranienne, le prince Reza Pahlavi a exprimé un soutien appuyé à Israël, ravivant les liens historiques établis sous le règne de son père, le dernier Shah d’Iran. Analyses.

Depuis le 7 octobre 2023, un violent conflit oppose Israël au Hamas, après une attaque coordonnée par cette organisation armée qui a causé plus de 1 200 victimes. En réponse, Israël a rapidement lancé une offensive dans la bande de Gaza, menant des frappes intensives sur le territoire palestinien autonome. Cette intervention militaire a suscité des réactions partagées au sein de la communauté internationale, qui fait face à une forte pression diplomatique en raison du nombre élevé de victimes causées par les bombardements intensifs de Tsahal, l’armée israélienne,

L'Iran du Shah, allié nature d'Israël

Parmi les soutiens les plus actifs à Tel Aviv, la mouvance monarchiste iranienne se distingue des nombreux rassemblements organisés par le monde en faveur des Palestiniens. Conduit par le prince Reza Pahlavi, 63 ans, fils du dernier Shah d’Iran renversé par une révolution en 1979, ce soutien n’a pourtant rien d’anodin et trouve ses racines dans l’alliance contractée sous la monarchie. Lors de la création d’Israël (1948), le Shah Mohammed Reza Pahlavi avait prophétiquement averti l’Organisation des Nations unies (ONU) que le plan prévu de partage de la Palestine conduirait à vers un conflit qui toucherait des générations entières. L'histoire lui a donné raison. Loin de partager l’avis des pays musulmans qui refusaient le moindre contact avec Israël, l’Iran avait décidé de reconnaître le nouveau pays, signant avec celui-ci des accords de coopération militaire et d’échanges commerciaux. Avec la chute du régime impérial, une fois au pouvoir, les mollahs s’étaient empressés de rompre cette alliance avec le « petit Satan », jugée « contre-nature » par l’Ayatollah Khomeiny.

Le prince Reza Pahlavi, en guest-star de Tel Aviv

Pour les monarchistes iraniens, il n'y a aucun doute quant aux soutiens politiques du Hamas. Selon eux, ainsi que divers experts géopolitiques, Téhéran joue le rôle de soutien financier de ce mouvement, visant à exporter sa révolution islamique, comme au Liban avec le Hezbollah. Les dirigeants de cette organisation, dont Hassan Nasrallah, ont récemment été ciblés par Tsahal. Un point de vue partagé par le prince Reza Pahlavi. En avril 2023, le prétendant au trône du Paon s’était rendu en visite dans le pays du roi Salomon, reçu par divers dirigeants israéliens (dont le Premier ministre Benjamin Netanyahou) comme un chef d’État en fonction. Lors de sa conférence de presse, le fils du Shah avait alors pointé du doigt « la répression de millions de citoyens » orchestré par le régime islamique qu'il juge  « antisémite » et souligné « l’intérêt mutuel des peuples iranien et israélien » pour l’établissement d’un État démocratique en Iran. Un déplacement vivement critiqué par médias du régime iranien qui s’était efforcé de démontrer l’existence d’un complot organisé par Israël et les États-Unis. 

Un choix géopolitique incertain et qui est contesté

Lors de sa visite en Israël, l’artiste Noam Shuster Eliassi, juive d’origine persane, a interpellé le prince héritier en lui demandant comment pouvait-il se rendre dans le pays tout en occultant le sort des Palestiniens !?. Si des points de vue divergent au sein de la mouvance monarchie concernant l’appui du prince Reza Pahlavi à Israël, le leader de l’opposition peut compter sur différentes associations pour le soutenir dans cette voie comme l’Union nationale pour la démocratie en Iran (NUFDI). Un mouvement dont les membres sont très actifs sur les réseaux sociaux, qui n’hésitent pas à corriger tout iranien de la diaspora qui oserait soutenir la cause palestinienne, comme le rappelle Al Jazeera qui a consacré un article vitriolé sur les relations entre Tel Aviv et les Pahlavi.

Pour certains analystes, il n’est pas certain que ce choix de stratégie soit payant pour le prince impérial qui pourrait peiner à rassembler sous son nom une fois revenu dans son pays natal libéré de la tutelle théocratique des mollahs. Bien que son nom soit scandé en Iran, lors de manifestations anti-gouvernementales, que son portrait soit placardé dans certaines villes d’Iran, Reza Shah doit aussi composer avec la mouvance républicaine (comme celle de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien) qui ne cache pas son animosité contre les Pahlavi et l'actuel régime. En 2012, téhéran avait accusé l'OMPI et Israël d'avoir conjointement oragnisé un attentat qui avait coûté la vie à un scientifque iranien spécialisé dans le nucléaire.  

Bien que son soutien à Israël ait généré des critiques, le prince Reza Pahlavi persiste dans sa volonté de mobiliser la diaspora iranienne et de bâtir un mouvement unifié contre le régime actuel. En s’appuyant sur des alliés comme Israël, il espère ouvrir la voie vers un Iran démocratique, libéré de la tutelle des mollahs. Cependant, cette alliance pourrait également s’avérer délicate, car elle suscite des tensions au sein de l’opposition iranienne, où monarchistes et républicains peinent parfois à se rassembler sous un même projet pour l’avenir du pays.

Copyright@Frederic de Natal

Date de dernière mise à jour : 06/11/2024

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