C’est une interview qui a été largement commentée le 30 mai dernier. Invité à réagir à l‘actualité du moment dans l‘émission « Frankly Speaking » (Parler franchement), présente sur le site Arab News, le prince Reza Shah Pahlavi s’est dit très pessimiste sur l'accord nucléaire qu’il considère comme « futile ». Restant toutefois optimiste sur l'avenir de ces relations avec l'Arabie saoudite et Israël qui seront développées une fois le régime des ayatollahs tombé, il a évoqué ces nouvelles institutions post-théocratiques qui restent à définir et qui seront soumises aux iraniens par référendum. Reza Shah Pahlavi, un prince entre monarchie et république.
« Indépendamment de ce que l'on essaie de négocier ici, la réalité de ce remue-ménage est que cela reste futile. Le régime utilise simplement ce qui lui reste comme moyen de chantage, forçant la communauté internationale à discuter avec lui afin de lui permettre de continuer à maintenir son emprise sur la géopolitique de notre région ». Prétendant au trône impérial d’Iran, le prince Reza Shah Pahlavi a repris son bâton de pèlerin médiatique et ne décolère toujours pas après la nouvelle administration au pouvoir à Washington qui a décidé de ré-ouvrir les négciations sur l'accord nucléaire. Dans une large interview, marquant l’ouverture de la seconde saison de l‘émission « Frankly Speaking » (Parler franchement), présente sur le site Arab News, le fils du Shah a également évoqué les futures relations de l’Iran avec l'Arabie saoudite et d'autres États du Moyen-Orient, y compris Israël, une fois le régime des ayatollahs tombé comme le désir de la plupart des Iraniens de revenir à une vie post-théocratique normale.
« Je ne me présente au nom d’aucun parti politique. Ma seule mission dans la vie est d'atteindre une ligne d'arrivée et celle-ci se traduit par la libération de l'Iran du régime des mollahs, avoir l'opportunité de contribuer à l’établissement d’un nouveau système laïque et démocratique… Ce jour-là signera la fin de ma mission politique dans ma vie ». Le prince Reza Shah Pahlavi reste un des porte-parole de l’opposition et s’il tente de rassembler une coalition hétéroclite sous son parapluie, bien que contesté, il n’entend pas diriger de mouvement qui se réclamerait de lui comme il y’en a de nombreux qui se sont récemment formés (visibles sur le net) et qui sont secrètement actifs en Iran.
« Ce régime ne peut pas changer son comportement car toute son existence dépend de son état viral à vouloir exporter une idéologie et dominer la région directement ou par procuration » a expliqué Reza Shah Pahlavi, très agacé par le président Démocrate Joe Biden et la « naïveté occidentale ». « Nous avons vu en fait que les sanctions américaines (renforcées sous le mandat du Républicain Donald Trump), pour la plupart, ont mis une pression sur ce régime qui a été contraint à réduire sa capacité de nuisance. Tout relâchement (de la pression) enhardit (le régime) et lui permet de poursuivre sa volonté d'instabilité dans la région » averti solennellement le prince sur Arab News. Et qui reste persuadé que si les sanctions économiques sont levées, cela ne fera « qu'augmenter les possibilités de financement du terrorisme par l’Iran alors que l’on sait qu’il a orchestré des attaques contre l'Arabie saoudite et d'autres pays par le biais de ses milices au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban ». « Je pense que nous avons déjà vu cela se produire une fois sous l'administration [Barack-ndlr] Obama, où une énorme somme d'argent a été débloquée par le régime pour financer ses activités et aucune n'a été dépensée pour le peuple iranien » renchérit Reza Shah. Un nom scandé lors des manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées par Téhéran entre 2018 et 2020 et qui a mis en colère les mollahs qui voient la main des Pahlavis derrière chaque tentative de destabilisation de leur régime.
Un prince qui entend normaliser les relations d’un Iran libre avec l’Arabie saoudite et Israël. « Regardez comment étaient nos relations avant la révolution. Lorsque le roi Fayçal d'Arabie saoudite est décédé [1975-ndlr], il y a eu une période de deuil de sept jours en Iran. C'est dire l‘importance de nos liens [avant la révolution-ndlr] » explique le prince impérial. « D'autres pays vont de l'avant (afin de) ne pas dépendre du pétrole comme principale source de revenus, réajustant leurs économies et ayant des plans pour l'avenir, et tout cela en conjonction et en coopération les uns avec les autres. C'est le modèle à suivre » poursuit Reza Shah qui a évoqué sa stratégie appelée « Vision 2030 ». « Les gens n'ont pas changé mais seulement le régime. Et en raison de son impact négatif dans la région, nous pouvons certainement anticiper un avenir où le respect mutuel et des relations cordiales entre pays seront propices à de meilleurs échanges, de meilleurs échanges commerciaux, plus d'opportunités et (l'amélioration) du niveau de vie, des soins de santé, assurer la stabilité régionale, etc... » affirme t-il tout en soutenant les accords d’Abraham, ces traités de paix signés entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn sous l’égide de Donald Trump (mais qui a contrario considérablement affaibli la cause palestinienne).
« Il fut un temps où les habitants de Dubaï rêvaient de venir à Téhéran pour aller dans nos supermarchés et faire leurs achats dans nos magasins. Aujourd'hui, le rêve de chaque habitant de Téhéran est de s'éloigner le plus possible de l'Iran » renchéri Reza Shah. « Une nation comme l'Iran, qui a une longue histoire de civilisation, de culture, de tolérance en elle-même, n'a jamais eu de problème d'antagonisme vis-à-vis d'une autre culture ou nation. Je pense que la gouvernance religieuse a créé une situation où les gens s'éloignent de la religion. En fait, il y a beaucoup plus d'apathie vis-à-vis de tout sentiment religieux , notamment parce que ce régime politise la religion et tente de l'imposer au public » explique encore l’héritier au trône qui récemment surpris en prenant la défense des gays iraniens persécutés par les islamistes, désignant cette « inquisition dont la population ne veut plus aujourd’hui ».
« Une fois, ce régime chassé du pouvoir, nous déciderons d’une période de transition où un gouvernement provisoire devra gérer les affaires du pays tandis qu'une assemblée constituante rédigera une nouvelle constitution. Nous déciderons de la meilleure forme institutionnelle que nous soumettrons aux iraniens, les seuls à décider de ce qu’ils veulent. C'est pourquoi j'ai demandé à mes compatriotes - qu'ils soient républicains ou monarchistes - de présenter pour le futur leur meilleur modèle de régime qu’ils souhaitent pour notre pays » affirme le prince qui entend passer par la case référendum afin de légitimer un retour éventuel de la monarchie, si tel est le souhait des perses. Ou pourquoi pas, à défaut de porter la couronne de Cyrus le grand, devenir le premier président de la république d'Iran. Une idée qu'il n'exclut pas.
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