Le prince Reza Pahlavi effectue une visite historique en Israël. Porte-parole de l’opposition, il entend « renouer les liens anciens » entretenus entre les deux pays sous la monarchie impériale. Un pari risqué pour le fils du Shah dont le déplacement est critiqué par certaines associations de défense des droits des Palestiniens.
Le 18 avril 2023, le prince Reza Pahlavi et son épouse Yasmine Pahlavi ont débarqué à l’aéroport international Ben Gourion de Tel Aviv. Un déplacement annoncé par un long communiqué publié sur les réseaux sociaux comme le rappelle la châine de télévision I24. « Je veux que le peuple d'Israël sache que la République islamique ne représente pas le peuple iranien. Les anciens liens entre nos peuples peuvent être renoués pour le bénéfice de nos deux nations. Je me rends en Israël pour jouer mon rôle dans la construction de cet avenir radieux » a déclaré le prince Reza Pahlavi peu de temps avant son départ vers la Terre Sainte et qui considère ce pays comme « un allié naturel ». Monté sur le trône du Paon en 1941, Mohammed Reza Shah (1919-1980), son père, avait été un des premiers chefs d’État à reconnaître la nouvelle République d’Israël lors de la proclamation de son indépendance en 1948. Une amitié entre les deux nations qui avaient par la suite signé des accords de coopération dans de multiples domaines, dont le militaire et le nucléaire. Depuis l’arrivée au pouvoir des mollahs, les relations diplomatiques entre les deux Etats se sont nettement tendues, l’Iran soutenant ouvertement des organisations terroristes qui n’hésitent pas à frapper Israël.
Une visite, symbole des liens indéfectibles entre les deux pays
« Je suis heureuse de recevoir le prince héritier iranien et j’admire sa décision courageuse de venir en Israël pour la première fois. Le prince héritier symbolise un autre leadership que celui du régime des Ayatollahs. Il est le tenant de valeurs de paix et de tolérance, contrairement aux extrémistes qui règnent en Iran » a déclaré la ministre du Renseignement. « Les bonnes relations entre nos peuples existaient déjà il y a des milliers d’années, du temps de la Reine Esther qui a fait échouer les projets maléfiques d’Haman d’extermination des Juifs de Perse. Nous faisons aujourd’hui le premier pas pour reconstruire ces liens entre les peuples » a rappelé Guila Gamlie. Venu plaider la cause de l’opposition et espérant trouver un soutien de poids dans sa lutte pour le retour de la démocratie dans son pays de naissance, « le peuple iranien désire un gouvernement qui respecte son héritage, qui préserve les droits de l’homme et respecte les variétés religieuses et culturelles, par le biais, notamment, du rétablissement des relations pacifiques et amicales avec Israël et les autres voisins de l’Iran » a expliqué le prince impérial. « Des millions de personnes de mon peuple se souviennent encore comment elles vivaient avec leurs amis et leurs voisins juifs iraniens avant que la révolution islamique ne déchire le tissu de notre société » a renchéri Reza Pahlavi qui a rencontré Isaac Herzog, le président israélien.
Un prince qui cherche des soutiens afin de préparer l'Iran de demain
Un déplacement qui fait également grincer des dents. Interviewée par Radio France Internationale (RFI), Noam Shuster Eliassi n’a pas caché son agacement. « Nous avons un gouvernement fasciste, d'ultra-religieux, issu de l’extrême droite en Israël. C’est le gouvernement le plus fasciste de l’histoire du pays. Et durant ces derniers mois, nous, les défenseurs de la liberté, des droits de l’homme, de la laïcité, sommes mobilisés pour lutter contre ce gouvernement. Je sais que le prince partage cette même vision de la démocratie. Donc, quel message apporte-t-il en Israël ? » a posé comme question cette humoriste reconnue. « J’ai vu dans son programme qu’il prévoyait de rencontrer des experts israéliens, pour parler des ressources en eau. Vous savez, je suis pro-palestinienne, mais pas seulement. Je suis surtout pour la justice et la défense des droits de l’homme. Vous ne pouvez pas venir en Israël pour parler de ressources et ignorer le peuple palestinien (privé de ses ressources par l’occupation), ignorer la cause palestinienne » ajoute cette Juive, Israélienne d’origine iranienne. Elle affirme même que cette visite sera contre-productive pour le prince impérial. Cela « ne servira qu’à alimenter la propagande du régime de Téhéran, qui accuse déjà l’opposition d’être à la solde des sionistes » déclare-t-elle.
Portant la kippa, avec son épouse, le couple impérial s’est recueilli devant le mur des Lamentations devant les médias qui ont immortalisé la scène. Avec divers membres du gouvernement israélien, ils ont assisté à une cérémonie officielle de commémoration de l'Holocauste en Israël. « Pour la paix, la liberté, le respect de l’être humain, le vivre ensemble. Je bénis les Iraniens et les Israéliens » a écrit le prince dans le livre des visiteurs, à l’occasion de cet événement. Il doit échanger avec des membres de la diaspora persane. Une visite largement médiatisée puisqu’il s’agit de la première officielle d’un dignitaire iranien sur le sol hébreu depuis la révolution de 1979. Elle s’inscrit également dans un large tour international que le prince Reza Pahlavi effectue actuellement afin de convaincre les différentes nations qui le reçoivent de soutenir l’opposition qui combat ou manifeste quotidiennenement contre le régime théocratique depuis des mois. Souvent au prix de leur vie.
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