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L’étau se resserre autour du prince Hamzah Ben al Hussein

le roi Abdallah II (gauche) et le prince Hamzah (droite)Depuis samedi, la monarchie jordanienne est au coeur d’un violent conflit qui oppose deux frères, le roi Abdallah II et le prince Hamzah, et qui plonge le pays dans l’incertitude et l’incompréhension.  Mis en résidence surveillée, tous ses privilèges ont été suspendus et le prince Hamzah doit désormais faire face à une grave accusation de tentative de putsch contre la monarchie. Niant toute participation au complot, les preuves s’accumulent pourtant contre le fils de la reine Noor qui va devoir s’expliquer devant le monarque. Le palais royal a annoncé qu’il allait révéler dans les heures qui viennent tous les éléments du dossier qui incriminent celui qui a été, un temps, prince héritier de Jordanie. 

La presse arabe titre sur la tentative du coup d etat du prince hamzahDepuis hier, tous les pétromonarchies s’empressent d’exprimer leur «  soutien » à la Jordanie, secouée par une tentative de coup d’état. Avec l’arrestation du prince Hamzah, fils de la reine Noor, porte-drapeau du glamour jordanien, accusé d’atteinte à la sécurité, c’est tout un pays qui découvre que, derrière l’image d’Epinal vendue sur les réseaux sociaux par la monarchie hachémite, se joue une terrible tragédie dont il n’avait pas conscience. Longtemps rivaux pour le trône de Jordanie, c’est finalement le roi Abdallah II qui monte sur le trône de son père en 1999, déjà au prix d’une guerre interne de succession qui a écarté le prince Hassan Ben Talal al-Hashem, inamovible prince héritier depuis trente ans. Une révolution tranquille qui redistribue les cartes et permet au prince Hamzah de devenir le nouveau prince héritier avant qu’il ne soit lui-même destitué brutalement de ce poste en 2004 « suite à un comportement incompatible avec les devoirs de sa charge » précisera le communiqué officiel. Une déchéance que n’a jamais réellement accepté le demi-frère d'un monarque qui n’a fait qu’appliquer la constitution de cette monarchie héréditaire en replaçant son fils aîné, Hussein, au centre de la succession. 

Le prince HamzahC’est près de 20 personnes qui ont été arrêtées dans le cadre de cette tentative de putsch qui laisse derrière elle des zones d’ombres. Ces dernières heures, c’est la reine Noor qui est montée au créneau affirmant qu’elle « priait pour que la vérité et la justice soient rendues pour toutes les victimes innocentes de cette méchante calomnie », laissant suggérer que son fils était innocent de tous les crimes qu’on lui impute. Une version qui ne convainc pas le vice-premier ministre qui a confirmé que le gouvernement avait en sa possession des enregistrements prouvant que l'ancien prince héritier avait bien été en contact avec des forces étrangères. « Les enquêtes ont permis de surveiller à temps des interférences et des communications avec des parties étrangères en vue de déstabiliser la Jordanie et qui concernent le prince Hamzah, Cherif Hassan ben Zaid (l’ancien ministre a été cueilli par les forces militaires dans sa résidence), Bassem Awadallah (l’ancien émissaire royal a été arrêté au moment il fuyait le pays) et d'autres personnes », a déclaré Aïman Safadi. Le palais royal a annoncé que le prince allait être convoqué afin de s'expliquer, notamment sur l'affrètement d'un avion enregistré au nom d'une de ses épouses, arrivé dans la nuit du putsch pour les évacuer. En effet, selon l'agence jordanienne de presse « Ammon News »,  les forces de sécurité ont découvert un lien entre un Israélien vivant en Europe et un des deux épouses du prince Hamzah qui aurait proposé de faire évacuer, avec un avion privé, la famille avant le déclenchement du putsch. « Je n'ai aucune connaissance des événements qui ont eu lieu en Jordanie ni même des personnes impliquées. La proposition que j'ai faite au prince Hamzah a été faite sur la base de notre amitié et d'un désir d'aider la princesse et leurs enfants en ce moment difficile » s’est défendu Roy Shaposhnik. L’affaire a même débordé sur Jérusalem dont Abdallah II est le « gardien des lieux saints ». Le gouvernement israélien a affirmé qu’il était prêt à collaborer avec le palais royal si nécessaire tout en précisant que « cela restait un problème interne à la Jordanie ». 

Le roi Abdallah II en familleL’étau se resserre autour du demi- frère du roi.   D'après un analyste jordanien qui tient à rester anonyme pour des raisons de sécurité, le prince Hamzah avait « multiplié devant son cercle d'amis les critiques contre ce qu'il qualifiait de corruption au sein du pouvoir » et «  exprimé sa rancœur d’avoir été privé de son titre de prince héritier ». Dans une vidéo adressée à la BBC aux premières heures de la tentative de putsch, Hamzah Ben Al Hussein avait dénoncé l’incompétence et la corruption qui règnent dans la monarchie, accusations que l’on retrouve souvent de la bouche de princes séditieux pour justifier leur révolte. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un « Game of Thrones » jordanien. A mon sens, ces remous ont davantage à voir avec la montée massive du mécontentement populaire, dans les domaines politique et économique, et avec la crainte que celle-ci génère dans les cercles dirigeants. J’ai le sentiment que le prince Hamzah est un bouc émissaire, que le pouvoir exagère la menace, pour décourager toute discussion publique de la corruption » croit savoir un expert de la famille royale, interrogé par le quotidien « Le Monde ». « Il n'y a pas beaucoup de raisons de douter de la version du pouvoir jordanien. Celui-ci est très bien structuré côté renseignements et maillage national, et le contrôle étroit en particulier des personnes soupçonnées de pouvoir atteindre à la monarchie est un fait » répond Barah Mikaïl, professeur à l'université Saint Louis à Madrid et également directeur de la société de conseils Stractegia au micro de LCI.

Le prince Hamzah et le roi Abdallah IITout porte à croire que le prince Hamzah va devoir répondre de ses actes et qu’il devrait être déchu de l’ensemble de ses titres actuels y compris ceux qu’il détient au sein de l’armée. Reste à savoir si le roi Abdallah II va signer un décret d’emprisonnement ou prendre le risque d'exiler hors du royaume cette voix dissidente qui a peu de chances de devenir une opposition à une monarchie considérée par l’Occident comme un élément clef de sa stratégie anti-islamiste au Proche-Orient.  « Le roi a décidé de s'entretenir directement avec le prince Hamzah afin de traiter ce problème en interne au sein de la famille Hachémite afin de le décourager de continuer à exercer ses activités qui visent et fragilisent la sécurité de la Jordanie et des Jordaniens, et constituent une rupture avec les traditions et valeurs de la dynastie » a  précisé encore hier  le vice premier-ministre Aïman Safadi.

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Date de dernière mise à jour : 06/04/2021

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