Le roi des Maoris Tūheitia Pōtatau Te Wherowhero VII est décédé
Le roi des Maoris Tūheitia Pōtatau Te Wherowhero VII est décédé
Le roi des Maoris a rendu son dernier souffle. Haute autorité traditionnelle, il était la voix d'un peuple secoué par les affres de l'histoire. Si son successeur n'est pas encore connu, les hommages se multiplient et tous saluent un monarque reconnu internationalement pour ses différents combats.
C'est un chapitre qui se tourne. Le 29 août 202, le roi maori de Nouvelle-Zélande, Kiingi Tuheitia Pōtatau Te Wherowhero VII, s'est éteint à l'âge de 69 ans, quelques jours seulement après avoir célébré son 18e anniversaire sur le trône. Le décès du souverain, probablement des suites d'une opération du coeur qu'il avait eu quelques jours plus tôt, a été annoncé tôt vendredi matin via les réseaux sociaux du Kiingitanga, marquant la fin d'une ère pour les Maoris de Nouvelle-Zélande et pour l'ensemble du pays. Le communiqué annonce qu'il s'est éteint pasiblement entouré des membres de sa famille.
Un règne marqué par le renforcement de l'unité des tribus maoris
Fils aîné de la reine Dame Te Atairangikaahu et de Whatumoana Paki, Kiingi Tuheitia est né en 1955. Elevé dans les traditions et les valeurs de son peuple, il a été préparé dès son plus jeune âge à assumer les responsabilités royales. Avant de monter sur le trône en 2006, il a mené une vie relativement discrète, se consacrant à des œuvres sociales et à la protection des intérêts des Maoris. Le règne de Kiingi Tuheitia Pōtatau Te Wherowhero VII a coïncidé avec une période de renouveau pour les Maoris, marquée par une reconnaissance croissante de leur culture et le renforcement de leurs droits au sein de la société néo-zélandaise. Cependant, tout au long de celui-ci, il a également dû faire face à des défis, notamment des critiques internes concernant la direction du Kiingitanga et des tensions avec le gouvernement sur certaines politiques affectant les Maoris (notamment la reconnaissance des droits fonciers et l'amélioration de leurs conditions de vie). Peu favorable à l’instauration d’un Parlement autonome maori, qui « lui faisait assez peur » selon ses propres mots, il était un partisan du Maori King mouvement, le parti politique qui soutient les droits de la monarchie maorie en Nouvelle-Zélande et qui réclame l'abrogation du controversé traité de Waitangi (signé en 1840 entre les Maoris et les Britanniques).
A message of condolence from The King to the people of Aotearoa New Zealand, following the death of Kiingi Tuheitia.
Une vague d'hommage à travers la Nouvelle-Zélande et le Pacifique
La mort de Kiingi Tuheitia a suscité une vague d'hommages à travers la Nouvelle-Zélande et le Pacifique. Le roi Charles III, souverain de Nouvelle-Zélande, a exprimé sa profonde tristesse, rappelant ses nombreuses rencontres avec le roi maori et soulignant son engagement indéfectible envers la communauté maorie. « J'ai eu le plus grand plaisir de connaître Kiingi Tuheitia pendant des décennies », a-t-il déclaré dans un message de condoléances publié sur ses réseaux sociaux. « Il était profondément engagé à forger un avenir solide pour les Maoris et l'Aotearoa en Nouvelle-Zélande, fondé sur la culture, les traditions et la guérison, ce qu'il a fait avec sagesse et compassion », a ajouté le fils de la reine Elizabeth II qui s’est déclaré choqué par son décès soudain. L'ancienne Première ministre néo-zélandaise, Dame Jacinda Ardern, a décrit Kiingi Tuheitia comme « un défenseur des Maoris, de l'équité, de la justice et de la prospérité ». « Je suis sûr que le peuple de Tonga ressent la perte de ce grand dirigeant du Pacifique », a déclaré Hu'akavameiliku Sioasi Sovaleni, Premier ministre de Tonga.
Une succcession qui va s'avérer complexe
La monarchie maorie, ou Kiingitanga, a été fondée dans un contexte de tensions croissantes entre les colons européens et les Maoris, qui se battaient pour préserver leurs terres et leur autonomie. Pōtatau Te Wherowhero (1775-1860), le premier roi maori, a été choisi par les chefs des principales tribus en tant que figure unificatrice, destinée à représenter les intérêts de tous les Maoris face à l'expansion coloniale. Depuis, le trône a été occupé par ses descendants directs, chacun apportant sa contribution unique à la défense et à la promotion des droits maoris. « La mort de Kiingi Tuheitia est un moment de grande tristesse pour les fidèles de Te Kiingitanga, du royaume maori et de la nation entière », a déclaré Rahui Papa, porte-parole de Kiingitanga, à TVNZ. « On s'attend à ce que Kiingi Tuheitia repose en chapelle ardente au marae de Tūrangawaewae pendant cinq jours avant d'être emmené vers sa dernière demeure sur la montagne Taupiri. ». En ces moments de deuil, le trône este vacant et la question de la succession se pose. Le processus pour désigner le prochain roi ou reine maori impliquera des discussions et des accords entre les différentes tribus, un acte qui, tout en étant imprégné de traditions ancestrales, aura des répercussions sur l'avenir du Kiingitanga et de la communauté maorie dans son ensemble.
Le décès de Kiingi Tuheitia Pōtatau Te Wherowhero VII marque un tournant pour cette monarchie méconnue. Son règne, empreint de respect pour les traditions tout en répondant aux défis contemporains, laisse un héritage qui continuera d'influencer les relations entre les Maoris et le reste de la Nouvelle-Zélande.